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Journal du Jeudi N°1188 du 26 juin au 2 juillet 2014


Abdel Aziz sans coup férir...

C’est passé comme une lettre à la poste! Mohamed Ould Abdel Aziz n’a fait qu’une bouchée de ses challengers de la course au fauteuil présidentiel. Une élection courue d’avance pour un résultat sans panache. Qu’importe! C’est réglé et Abdel Aziz poursuit imperturbablement sa présidence à la tête de la Mauritanie.

Il est tranquille, le chef de l’Etat mauritanien sortant qui n’est pas du tout sorti. A peine sorti du bureau de vote qu’il a déjà son ticket pour un nouveau bail présidentiel. En ces temps où certains négocient dur, dur pour rester en place, Mohamed Ould Abdel Aziz, lui, s’est offert un retentissant 81,89% des voix à l’élection présidentielle du samedi 21 juin dernier. Un coup K.-O dès le premier tour, qui laisse pantois ses poursuivants. Loin derrière, les quatre autres candidats de ce scrutin dont on ne doutait qu’il remettrait le locataire de la présidence dans son fauteuil, le second de cordée de ce quinté sans enjeu, le militant anti-esclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid, n’a raflé que... 8,67% des suffrages.
Pour sa part, Boidiel Ould Houmeid, porte-flambeau du parti El-Wiam, une formation de l’opposition dite «modérée», recueille 4,50% des voix, tandis qu’Ibrahima Moctar Sarr, représentant la communauté négro-mauritanienne, a séduit 4,44% de l’électorat. Quant à la seule femme qui s’est courageusement mise dans la bataille, elle bénéficie d’une sympathique cote de 0,49% des voix, montrant par là même qu’il y a encore du chemin pour que les femmes atteignent les sommets dans ce pays, et même sur le continent. Mais comme dit le baron de Coubertin, «l’essentiel est de participer». Lalla Mariem Mint Moulaye Idriss aura montré et démontré qu’il est possible de participer, et que faire acte de candidature à la présidence de la République n’est pas un privilège réservé aux seuls hommes. Même en Mauritanie où les traditions restent pesantes et où il n’y a encore que... quatre femmes avocates. Que des hommes donc qui portent la... robe noire dans ce pays? Si ce n’est pas malheureux. Quand les femmes se mettront à porter la culotte, alors ce sera la fin des complexes!
Bon, ainsi, Mohamed Ould Abdel Aziz, 57 ans, rempile pour un nouveau mandat de cinq ans à la tête de son pays, malgré l’appel au boycott de ses principaux opposants réunis au sein du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU, opposition dite «radicale»). Ces derniers reprochaient à l’intrépide Abdel Aziz, dont ils décrient le «pouvoir dictatorial», d’avoir organisé le scrutin de manière «unilatérale». Mais lui n’en a cure. Sept cents observateurs, dont 200 venus de l’étranger, étaient là pour donner la caution internationale à la formalité présidentielle. Même qu’au cours d’un point de presse, l’ancien Premier ministre tunisien, Béji Caïd Essebsi, qui conduisait la délégation des observateurs de l’Union africaine, a donné son satisfaisant satisfecit. «Globalement, cette élection s’est déroulée dans la paix et dans un esprit de tolérance politique. (...) Je salue le sens du civisme des Mauritaniens», a déclaré l’expert en observation. Alors, qui dit mieux?
Ancien général ayant pris le pouvoir à la faveur d’un putsch en 2008, Mohamed Ould Abdel Aziz avait été élu en 2009 pour cinq dans des conditions déjà contestées par l’opposition. Pour ses fans, il a débarrassé la Mauritanie, pendant son premier mandat, des groupes islamistes armés qui y ont sévi jusqu’en 2010. Et ça, c’est clair, ça compte! Mais encore, il se targue lui-même d’avoir «fait reculer le taux d’inflation à moins de 5% et d’avoir mené une politique d’aide aux plus pauvres». Ça, ca se discute. Mais la question n’est plus là...

29.06.2014
 
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